Chants de Carnaval, un poème de Lorenzo de' Medici
11 févr. 2010
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Un objet attira mon attention tandis que je me dirigeais vers la sortie. Il présentait le texte Chants de Carnaval de Lorenzo de' Medici (Laurent de Médicis dit Laurent le Magnifique). Voici donc pour chaque paragraphe des Chants le texte en italien sous forme d'images et sa traduction en français après chaque image :
Combien belle est la jeunesse :
Elle ne cesse de fuir.
Qu'à son gré chacun soit en liesse,
Rien n'est moins sûr que demain.
C'est Bacchus et Ariane,
Beaux et brûlants l'un pour l'autre :
Leur bonheur est d'être ensemble,
Car le temps s'enfuit, trompeur.
Ces nymphes et tout le monde
Ne cessent d'être en gaîté.
Qu'à son gré chacun soit en liesse,
Rien n'est moins sûr que demain.
Ces joyeux petits satyres,
Pris de désir pour les nymphes,
Par les grottes, les bosquets,
Leur ont tendu mille pièges ;
Puis, par Bacchus échauffés,
Ne cessent de danser, sauter.
Qu'à son gré chacun soit en liesse,
Rien n'est moins sûr que demain.
Ces nymphes ont plaisir
A se laisser tromper :
N'échappent à l'amour
Que rustres et vilains.
Puis ils se livrent ensemble
A la musique, aux chansons.
Qu'à son gré chacun soit en liesse,
Rien n'est moins sûr que demain.
Tel un sac posé sur l'âne,
Après eux, voilà Silène :
Vieux, mais pourtant joyeux ivrogne,
Alourdi de graisse et d'années,
S'il ne peut plus tenir droit,
Il s'amuse et rit sans cesse.
Qu'à son gré chacun soit en liesse,
Rien n'est moins sûr que demain.
C'est Midas qui vient ensuite :
Ce qu'il touche devient or.
A quoi sert d'avoir trésor,
S'il ne suffit à satisfaire ?
De quel agrément peut jouir
Qui ne cesse d'avoir soif ?
Qu'à son gré chacun soit en liesse,
Rien n'est moins sûr que demain.
Que chacun ouvre les oreilles,
Sans se troubler du lendemain ;
Que jeunes, vieux, hommes et femmes,
Soient tous en liesse aujourd'hui,
Et, chassant tout triste penser,
Ne cessent pas de faire fête.
Qu'à son gré chacun soit en liesse,
Rien n'est moins sûr que demain.
Amoureux, dames et garçons,
Vive Bacchus et vive l'Amour !
Musique, danse et chanson !
Qu'un doux plaisir brûle le coeur !
Plus de peine et plus d'ennui !
Que s'accomplisse ce qui doit.
Qu'à son gré chacun soit en liesse,
Rien n'est moins sûr que demain.
(écrit en 1490).
Lorenzo de' Medici (Florence, 1449 – Careggi, 1492).
A propos des personnages de ces Chants de Carnaval : Bacchus, Ariane, Silène, Midas.
Paris, le 6 février 2010.
Le Titien, Bacchus et Ariane, 1521-1523.
Après avoir aidé Thésée à vaincre le Minotaure, Ariane quitte la Crète avec lui. A Naxos, Thésée l'abandonne cependant sur le rivage. On voit ici son navire s'éloigner sur la gauche. "Sur tout le rivage, retentirent ensuite à un rythme endiablé cymbales et tambours" : ils annonçaient l'arrivée d'un char tiré par des guépards, de Bacchus et de sa suite déchaînée composée de ménades, de satyres - dont l'un, "ceint de serpents contorsionnés", et de Silène ivre, accroché à son âne. Voix, couleur, et Thésée, tout avait quitté Ariane, terrorisée au moment où le dieu saute de son chariot pour l'emporter et en faire son épouse. Elle deviendra la constellation représentée ici au-dessus d'elle. Bacchus et Ariane qui se détachent sur un fond outremer, sont animés du même élan, auquel fait écho le mouvement des cymbales tenues par la ménade à la tunique orange, qui semble être le pendant d'Ariane. Le petit chien aboie : il est excité par la présence du faune qui, du jasmin dans les cheveux, se pavane tout en tirant une tête de veau auprès d'une fleur de câpre symbolisant l'amour." Source.
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Olivier GANS 11/01/2013 10:14
Patricia 11/01/2013 19:02